Entrevues
June 15, 2023

Entrevue avec Polyexpert – Mise en place d’une démarche de réduction de l’empreinte carbone

Réduire son impact environnemental : Polyexpert partage son expérience en gestion de l'empreinte carbone

Depuis près de 10 ans, COESIO accompagne des organisations dans leur démarche stratégique, tactique et opérationnelle en développement durable. Cette année, nous prenons le temps de discuter avec certaines d’entre elles pour faire le point sur leur accomplissement, les obstacles auxquels elles ont pu faire face et les opportunités en découlant. Dans cette série de publications, vous aurez la chance de découvrir les détails de leurs apprentissages, évolutions et succès en développement durable afin de pouvoir vous inspirer à passer à l’action.

Nous discutons aujourd’hui avec Donald Pelletier et Pierre Sarazin, respectivement Vice-président finances et Vice-président R&D et développement durable de PolyExpert, entreprise experte dans la production de pellicules de polyéthylène basée à Laval. Sensibles aux impacts des plastiques sur l’environnement et conscients de l’impératif de transformation de l’industrie, ils ont tous deux fortement contribué au virage écoresponsable pris par PolyExpert à partir de 2017. Impliqués depuis 2021 dans une démarche de réduction de l’empreinte carbone de la chaîne de valeur de PolyExpert, Donald et Pierre nous partagent leur expérience.

Qui est Polyexpert ?

Polyexpert est une entreprise familiale située à Laval au Québec fondée en 1979 par Monsieur Gilles Plante et sa femme, Madame Ghislaine Plante. Fabricant de films de polyéthylène en monocouche et multicouches, PolyExpert se positionne majoritairement en Amérique du Nord pour répondre aux besoins des marchés suivants :  

  • Emballages alimentaires
  • Films agricoles
  • Pellicules industrielles

En 2004, Lise Plante, fille du propriétaire, se joint à PolyExpert et en 2014 elle prend la relève de la gestion de l’entreprise avec la volonté d’approfondir les réflexions sur l’empreinte environnementale de l’industrie plastique. Ces réflexions prennent une ampleur transformative avec la prise de conscience que les défis environnementaux ne peuvent faire l’économie de réflexions stratégiques plus globales, sur les investissements, le bien-être et l’engagement des équipes, la prise en compte de toute la chaîne de valeur.  

Pour l’aider à approfondir et à structurer une véritable démarche en développement durable, PolyExpert se tourne en 2017 vers la Certification ÉcoresponsableMC du Conseil des Industries Durables du Québec. Depuis, le parcours de Polyexpert est ponctué de beaux succès, qui ne font que renforcer le positionnement stratégique pris en faveur de l’écoresponsabilité :  

  • Obtention des niveaux 1 (2018), puis 2 (2019), puis 3 (2021) de la Certification ÉcoresponsableMC;
  • Réduction de la consommation annuelle d’eau de 95%;  
  • Développement de films recyclables et/ou contenant de la matière recyclée;  
  • Engagement auprès de la Fondation Ellen MacArthur pour une économie circulaire.

Nos intervenants

Donal Pelletier,

VP Finances présent dans l’entreprise depuis 28 ans.

Pierre Sarazin,

VP R&D et développement durable dans l’entreprise depuis 4 ans.

Face à l’urgence d’agir, les entreprises au cœur de l’action climatique

Depuis la révolution industrielle, l’activité humaine, du fait de ses diverses activités, augmente drastiquement la quantité de gaz à effet de serre présente dans l’atmosphère. Ceci conduit à une augmentation de la température moyenne qui est désignée par le terme réchauffement climatique ou dérèglement climatique reflétant les changements majeurs subis par les cycles naturels. La température mondiale a déjà augmenté de 1,1 C par rapport à l’ère préindustrielle.(Shields, 2021). Ce réchauffement cause entre autres une dégradation des sols qui menace, selon la deuxième édition du ‘’Global Land Outlook’’ publié par la convention de l’ONU, la qualité de vie de plus de 3 milliards de personnes (Valo, 2022).

Afin de limiter ce réchauffement climatique, 197 parties (196 pays et l’Union européenne), la société civile (ONG, syndicats) et les médias se réunissent chaque année depuis 1995 en COP « conférence des parties ». La COP21 organisée en France a conduit à l’Accord de Paris en 2015. Ce dernier est le premier traité international de réduction des émissions visant à contenir le réchauffement climatique bien en deçà de 2 °C et si possible à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Ce traité a été signé par 195 états et a été ratifié par 189 d’entre eux (ONU, 2022). Cet objectif est cohérent avec la recommandation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de maintenir le réchauffement climatique à 1,5C et au maximum à 2C par rapport aux températures préindustrielles. Cet objectif ne peut devenir réalité qu’en espérant une société carboneutre d’ici 2050.

Pour respecter cet accord, des pays prennent des engagements de réduction de leurs émissions. Le Canada s’est par exemple engagé à atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et à réduire ses émissions de 40 à 45 % d’ici 2030 par rapport à 2005 (Ministère de la Justice, 2021). Il est entendu par carboneutralité que l’économie canadienne n’émette plus de gaz à effet de serre ou compense ses émissions par diverses mesures comme la plantation d’arbres ou l’utilisation de technologies captant le carbone avant son rejet dans l’atmosphère (Gouvernement du Canada, 2020).

Émettrices majeures de gaz à effet de serre, les entreprises ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre les changements climatiques, pour réduire leur dépendance aux énergies et ressources fossiles et transformer des modes de production extractivistes et linéaires en modes de production circulaire et sobre en carbone. De nombreux grands joueurs ont d’ores et déjà pris des engagements et des actions de réductions d’émissions à travers leur chaîne de valeur, entraînant des répercussions directes sur les petites et moyennes entreprises.

Quelle est l’origine de la démarche de développement durable au sein de PolyExpert ? Quelles ont été les premières bases mises en œuvre ?

Donald Pelletier  

Dès la prise de relève par Lise Plante en 2014, il y a eu une volonté de changer la vision de l’entreprise pour inclure un aspect plus environnemental en changeant notamment les façons de faire à l’interne. Ceci a conduit l’entreprise à regarder ce qui se faisait au Québec dans le domaine notamment en ce qui concerne les certifications.  Au début, l’approche se concentrait plus sur l’environnement, mais la montée en compétence de l’équipe sur le sujet, l’arrivée de Pierre qui possède des connaissances sur l’économie circulaire et la collaboration avec COESIO ont conduit l’organisation à avoir une vision plus globale de l’écoresponsabilité en intégrant, également, les aspects de la gouvernance, de l’économie et le volet social. Cette réflexion a permis d’obtenir le niveau 1 de la Certification ÉcoresponsableMC délivrée par le Conseil des Entreprises Durables en 2018.

Est-ce que l’obtention de cette certification a conduit à des changements ?

Donald Pelletier

Le développement durable et ses enjeux ont été intégrés au fil du temps à la stratégie de l’organisation qui se concrétise par des plans d’action. Ces différentes démarches ont permis d’obtenir une certification de niveau 2 et un niveau 3 l’année passée de la certification. L’entreprise cherche désormais à obtenir une certification plus internationale.

Quand y a-t-il eu une prise de conscience ou de premières discussions quant à l’empreinte carbone, à l’évolution de l’industrie du rôle du plastique dans cette transition ?

Pierre Sarazin

Il existe actuellement un dénigrement général du plastique. Ceci vient du fait que les problèmes liés aux changements climatiques sont beaucoup abordés, mais qu’ils sont classés au même niveau dans la perception des gens que la pollution plastique qui est le principal problème de l’industrie plastique. Or, il est beaucoup plus facile d’agir contre les plastiques en souhaitant les éliminer, car c’est plus tangible et aisément évaluable sans toutefois penser à l’empreinte carbone globale de la chaîne de valeur. Pour évaluer l’empreinte carbone, il existe deux façons principales de procéder :

  • Le bilan de l’empreinte carbone pour l’entreprise, comme celui réalisé par COESIO au sein de PolyExpert, qui a permis d’identifier les principaux points d’émissions au sein de l’entreprise. Nous avons fait déjà beaucoup d’efforts, en particulier sur les résines qui sont notre principale poste d’émissions sur lequel nous pouvons agir directement.
  • La deuxième facette est d’analyser la façon dont les films plastiques sont utilisés dans la chaîne de valeur de l’emballage, en adoptant une approche système. En ce moment, il est d’usage d’interdire les plastiques à usage unique, mais cela ne doit pas se faire avec une augmentation de l’empreinte carbone. Par exemple dans l’alimentation, secteur auquel plus de la moitié de nos produits sont destinés, les déchets alimentaires risquent d’augmenter sans les services rendus par les emballages plastiques ce qui vient augmenter les émissions de GES du secteur alimentaire. Il est donc important d’évaluer le système dans sa totalité avant de prendre des mesures d’interdiction. Il serait donc pertinent de réfléchir à des actions sur l’éducation et la fonctionnalité des plastiques de sorte que le bilan global ne soit pas augmenté par des actions contre les plastiques.

Vous dites donc que l’élimination du plastique peut dans certains cas augmenter les émissions de GES ?

Pierre Sarazin

Oui, car les actions en cours cherchent principalement à éliminer le plastique dans le but de réduire les déchets et la pollution sans considération des conséquences liées à l’application. Éliminer le plastique à usage unique peut augmenter le bilan carbone et le remplacement d’un matériau par un autre n’est pas une solution qui s’inscrit dans la lignée de l’économie circulaire. C’est agir à l’envers. Les emballages sont au service du produit!

Méthodologie du bilan carbone

Les entreprises sont des acteurs incontournables de la diminution des émissions de GES dans le cadre de la transition écologique. Étant donné qu’il est possible de réduire seulement ce qu’il est possible de quantifier, une méthodologie de comptabilité carbone a été développée. Le référentiel principal sur lequel COESIO s’est basé pour réaliser le bilan carbone de Polyexpert s’intitule le Green House Gas Protocol (GHGP). Dans ce dernier, les émissions sont reparties dans les trois différents scopes suivants :

  • Scope 1 : Émissions directes de GES provenant de sources contrôlées ou appartenant à l’organisation telles que la consommation des véhicules appartenant à l'entreprise, la combustion de gaz naturel, fioul pour le chauffage des bâtiments de l’entité, etc. Les émissions de la combustion de biomasse (carbone biogénique) ne doivent pas être reportées dans le scope 1, mais dans une autre section.
  • Scope 2 : Émissions indirectes de GES liées à l’achat d’électricité et de vapeur d’eau par l’entité.
  • Scope 3 : Autres émissions indirectes de GES. Ce scope comprend notamment les achats de biens et services, les déplacements professionnels et des employé.es pour venir au travail, l’utilisation des produits vendus, le transport amont et aval, etc.

Le schéma ci-dessous illustre la répartition des différentes émissions à travers les différents scopes:

Picture2
Figure 1 : Les différents scopes d'un bilan GES (WBCSD & WRI, 2011)

Dans un bilan GES, les émissions sont comptabilisées en termes de CO2 équivalent (CO2 éq) afin d’avoir une unité unique facilitant notamment la comparaison. L’équivalent CO2 correspond pour un gaz à effet de serre à la quantité de CO2 nécessaire pour provoquer le même forçage radiatif, en d’autres termes, la quantité de CO2 possédant la même capacité de rétention du rayonnement solaire.

Picture3
Figure 2 :  Le bilan GES 2019 de PolyExpert

Quels sont les projets/actions mises en œuvre à la suite du bilan qui a été réalisé par COESIO en conformité avec les lignes directrices du GHG Protocol (scope 1, 2 et 3) ?

Donald Pelletier

Il y avait un équipement de climatisation refroidissant l’usine au complet qui arrivait en fin de vie. Le bilan GES a permis de réaliser qu’il était possible de faire autrement que de le remplacer par un nouveau modèle fonctionnant au gaz naturel. Une première approche a été d’essayer de profiter de l’hydro-électricité québécoise en installant un système de géothermie. Cependant les coûts estimés étaient très élevés et au vu de l’emplacement de l’usine cela n’était pas réalisable. Après de nombreuses recherches, nous avons opté pour un système de thermopompe récupérant la chaleur de l’usine qui a permis d’éliminer presque au complet l’utilisation du gaz naturel. C’était un beau projet pour lequel nous ne nous alignions pas au départ, mais avec le projet de bilan GES cela nous a permis de réaliser qu’on pouvait faire autre chose. Nous avons travaillé avec Transition Énergie Québec et Hydro-Québec, de qui nous avons eu des subventions, et il y a eu l’apport des consultants PG Énergie et COESIO qui nous ont beaucoup aidés à la réalisation du projet.  Pour une solution au même coût que ce que nous voulions faire au début, nous sommes arrivés à une solution qui nous a permis de réduire nos GES pour la partie de chauffage de l’usine en hiver.

Cet exemple de réduction de plus de 500 tonnes illustre vos actions pour arriver à une usine presque carbone neutre sur les émissions que vous contrôlez. Comment abordez-vous les émissions que vous ne contrôlez pas ?

Pierre Sarazin

Quand nous avons fait le bilan GES en 2020 sur l’année 2019, nous avons réalisé que nos scopes 1 et 2 représentaient moins de 1 % des émissions. Nous sommes allés réduire ce 1 % à presque 0 %. En revanche pour le transport qui représente 15 % et pour presque tout le reste que sont les résines, nous n’avons pas le contrôle et il est donc beaucoup plus difficile de prendre des actions. Néanmoins, les coûts croissants du transport incitent à modifier les manières de faire ce qui réduit les coûts et les GES associés. Au niveau des produits, depuis l’année dernière nous sommes signataire du Global Commitment de la fondation Ellen MacArthur avec comme objectif d’avoir 5 % de matière recyclée post-consommation d’ici fin 2025. Cela peut paraître faible, mais en réalité c’est beaucoup. La matière recyclée ayant la qualité recherchée n’existe actuellement pas dans des quantités suffisantes. Ceci est notamment dû au fait que les plastiques flexibles ne sont pas collectés et recyclés ou bien le sont dans des proportions très faibles. En plus de la faible quantité, la qualité n’est également pas constante. Néanmoins, il y a déjà de beaux progrès chez les recycleurs ce qui devrait améliorer la situation dans les prochaines années pour les applications non alimentaires. Toutefois, seulement quelques résines recyclées sont approuvées pour un usage alimentaire pour le moment ce qui constitue une restriction majeure pour nous. Nous avons donc un dilemme : oui nous voulons réduire nos émissions de GES qui viennent principalement des résines, mais peu de résines recyclées sont disponibles avec les propriétés requises.

Pour l’alimentaire, le « recyclage avancé » est une voie prometteuse : des compagnies vont utiliser des procédés chimiques qui décomposent la matière plastique pour revenir aux monomères qui sont polymérisés en plastique vierge. Ces résines donnent droit à des crédits et en achetant ces crédits selon l’approche « mass-balance », il est possible de garantir que les films contiennent un pourcentage équivalent à de résine certifiée issue des procédés de recyclage avancé. Ce recyclage permet de produire des résines vierges à partir de plastique usagé qui sont donc acceptées pour l’usage alimentaire et possèdent donc les mêmes propriétés.  Il reste à prouver que ces procédés permettent de diminuer les émissions de GES. Ces procédés sont déjà décriés par ceux qui veulent réduire l’utilisation des plastiques.

Quand on regarde la réglementation qui évolue chaque année, quel est le rôle d’influence de PolyExpert quant à la réglementation et l’intégration de plastique recyclé dans le marché ?

Pierre Sarazin

Nous faisons de l’éducation auprès des parties prenantes de la chaîne de valeur, mais nous sommes rarement en contact avec les acteurs situés proches du consommateur, en bout de chaîne. Or ce sont eux qui possèdent le pouvoir d’exiger des emballages contenant de la résine recyclée post-consommation.  Nous travaillons en amont avec les manufacturiers de résines recyclés et nous sommes aussi capables d’aller chercher les certifications nécessaires qui sont très coûteuses pour les résines issues du recyclage avancé. Ces résines sont disponibles en faible quantité actuellement, mais il est attendu que d’ici 5 ans la quantité disponible dépasse plusieurs millions de tonnes par année.

Donald, est-ce que tu peux nous en dire plus sur tout ce qui concerne le transport et tous les autres projets concernant les GES directement et indirectement ?

Donald Pelletier

Comme Pierre le mentionnait auparavant, il y a une partie des émissions sur lesquelles nous n’avons pas le contrôle. Pour la partie des matières premières, nous essayons de maximiser le train par rapport au camion, car la quantité reçue est plus grande par exemple. Pour ce qui est de la livraison au client, nous avons, tout comme avec les matières premières, commencé à expédier par train pour les clients plus éloignés. De plus, nous essayons de maximiser la quantité par camion envoyée chez nos clients pour réduire les GES. Tout ceci nécessite une collaboration et de faire intervenir les différentes parties prenantes que sont les clients, la planification, la production entre autres pour maximiser la masse mise dans les camions.  Un autre aspect où nous avons un impact et où il est nécessaire d’avoir une réflexion plus poussée, c’est sur le fait d’essayer de travailler davantage avec des clients locaux qui auront un impact moins important sur nos émissions de GES. De plus, avec l’augmentation rapide des coûts de transport, il est de plus en plus compliqué de faire de longues distances et être compétitif contre des fournisseurs qui sont plus locaux.

Avez-vous rencontré des résistances au changement quand vous avez commencé à prendre des actions à la suite de la réalisation du bilan carbone? Si tel est le cas, comment avez-vous fait pour y faire face ?

Pierre Sarazin

La résistance au changement est très faible à l’interne, il existe un très bon climat pour effectuer les changements reliés au développement durable. Ce qui est le plus inquiétant actuellement sont les perturbations mondiales sur les chaînes d’approvisionnement. Toutefois ces bouleversements sont une belle opportunité de modifier nos façons de faire. Par exemple, les entreprises qui s’approvisionnaient en Asie auparavant avec un faible coût de transport commencent à changer leurs pratiques pour revenir au local avec l’augmentation des prix et les incertitudes dans le transport. Malheureusement personne ne fait de l’environnement pour faire de l’environnement, il faut toujours un incitatif de prix.  

Donald Pelletier

Quand nous avons commencé à parler d’écoresponsabilité, cela ne voulait pas dire grand-chose pour les gens. Cependant dès que nous avons commencé à mettre en place des actions concrètes et qu’il a été possible de démontrer aux employés et aux parties prenantes, que ces projets avaient un impact considérable sur l’environnement, il a été beaucoup plus facile de diminuer la résistance au changement pour les projets subséquents. De plus, les personnes impliquées réalisent que d’ajouter une partie d’écoresponsabilité à un projet ne le complexifie pas nécessairement. Les projets ont donc un impact positif et motivateur sans pour autant être plus longs ou plus difficiles à réaliser.

Déployer une démarche de quantification des GES et par la suite déployer des projets de réduction a-t-il représenté un coût et vous a-t-il par la suite permis de réaliser des économies ?

Donald Pelletier

En termes d’investissement, il y a beaucoup d’incitatifs financiers de la part des gouvernements comme Transition énergétique Québec et Hydro-Québec, comme mentionnés précédemment. En utilisant ces subventions même si l’investissement initial est parfois plus élevé, le retour sur investissement est assez rapide. Par exemple pour le projet de climatisation réalisé, il est possible de constater le retour sur investissement seulement 3-4 ans après tout en ayant un impact significatif sur nos émissions de GES. Ceci motive grandement les employé.es de voir des projets économiquement viables et bons pour l’environnement.

Pierre Sarazin

Pour toutes les équipes, il y a une certaine fierté de participer à ces projets. Par exemple quand il fait -20, - 30 degrés Celsius à l’extérieur et que nous sommes capables de chauffer l’usine sans apport extérieur, cela donne une motivation à tout le monde. Au niveau de l’investissement, il y a des aides comme Donald le mentionnait. En revanche, pour tout ce qui concerne le développement de nouveaux produits, il existe peu d’incitatifs. Le développement de nouveaux produits éco-conçus est à privilégier, mais il est difficile de trouver du financement pour de telles activités coûteuses.

Quelles sont les prochaines étapes en lien avec les GES autant à court, moyen et à plus long terme ?

Pierre Sarazin

Les produits comportant du contenu recyclé post-consommation commencent à trouver de belles applications qui seront des exemples pour avancer plus vite dans ce domaine. Nous travaillons avec nos clients pour leur proposer des films avec un haut niveau de contenu recyclé c’est-à-dire au minimum 30 %. Nous travaillons également avec nos fournisseurs de résines pour évaluer leurs résines recyclées et cette collaboration est appréciée pour améliorer la qualité des résines. C’est une manière de nous distinguer en tant que petite entreprise. Plus nous développons nos connaissances dans ce secteur, plus nous préparons l’avenir en espérant que des règles communes vont s’appliquer.

Donald Pelletier

Il serait nécessaire dans un premier temps de refaire un autre bilan et quantifier l’impact des projets que nous avons réalisés sur nos émissions de gaz à effet de serre. Dans un second temps, nous devrons réfléchir quant aux prochaines actions à mettre en place notamment sur les produits qui sont notre principale source de GES.

Si vous aviez à parler aux Pierre et Donald de 2017-2018 avant d’embarquer dans le projet d’écoresponsabilité qui se demandaient encore est-ce qu’on y va ou pas, qu’est-ce que vous leur diriez pour les rassurer ou les mettre en garde face au projet et ce que vous avez réalisé ?

Donald Pelletier

Je dirai au Donald d’il y a 4-5 ans que je ne pensais pas qu’une personne des finances puisse jouer un certain rôle dans le virage écologique d’une entreprise. Ce n’est donc pas nécessairement la panacée des gens connaissant le sujet et chacun peut jouer un rôle dans l’entreprise et être acteur de ce virage. Je rajouterai que ce n’est pas très compliqué et que si on y met un peu d’effort et d’implication chaque entreprise peut avoir un impact. C’est l’accumulation de toutes ces entreprises qui feront leur  petit bout de chemin qui permettra d’avoir un impact important à la fin .

Pierre Sarazin

Le projet était déjà commencé quand je suis arrivé, et toute cette vision m’a motivé à rejoindre la compagnie. Je pense que je lui dirais : ne t’inquiète pas COESIO va bien nous aider à avancer. Je pense que c’est ici que se situe la différence de l’accompagnement que vous apportez. Nous avons les connaissances sur les plastiques, mais votre encadrement et la façon dont la démarche est structurée sont essentiels dans ce type de projet. L’accompagnement de COESIO se distingue vraiment de ce que j’ai pu voir avec d’autres consultants.

Sources :

Gouvernement du Canada. (2020, novembre 19). La carboneutralité d’ici 2050. Gouvernement du Canada. https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques/plan-climatique/carboneutralite-2050.html

Ministère de la Justice. (2021, juin 29). Loi sur la responsabilité en matière de carboneutralité. Site Web de la législation (Justice). https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/C-19.3/TexteComplet.html

ONU. (2022). L’Accord de Paris | Nations Unies. https://www.un.org/fr/climatechange/paris-agreement

Shields, A. (2021, août 10). Le naufrage climatique est en vue, prévient le GIEC. Le Devoir. https://www.ledevoir.com/environnement/623712/le-rechauffement-s-accelere-alerte-rouge-pour-l-humanite-selon-le-rapport-du-giec

Valo. (2022, avril 27). La dégradation des terres affecte la moitié de la population mondiale. Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/04/27/la-degradation-des-terres-affecte-la-moitie-de-la-population-mondiale_6123905_3244.html

WBCSD, & WRI. (2011). Corporate Value Chain (Scope 3) Accounting and Reporting Standard : Supplement to the GHG Protocol Corporate Accounting and Reporting Standard. World Business Council for Sustainable Development & World Ressources Institue. https://ghgprotocol.org/sites/default/files/standards/Corporate-Value-Chain-Accounting-Reporing-Standard_041613_2.pdf

Rédigé par :

Pierre Chênel, Analyste

Adèle Renon, Conseillère

Ce que vous voyez vous inspire?

Parlons de vos besoins

D’autres publications qui pourraient vous intéresser

Voir toutes les publications
Article

Les standards et certifications du développement durable

Lire la suite
Article

Comment faire de la décarbonation un levier de compétitivité pour les PME ?

Lire la suite
Article

Le Québec peut-il produire assez d’Écoleaders, assez vite? – Entrevue dans Les Affaires

Lire la suite
Article

Les standards et certifications du développement durable

Démystifier les labels du développement durable pour tendre vers une économie plus responsable
Lire la suite
Article

Comment faire de la décarbonation un levier de compétitivité pour les PME ?

Réduire son empreinte carbone et renforcer sa position sur le marché
Lire la suite
Article

Le Québec peut-il produire assez d’Écoleaders, assez vite? – Entrevue dans Les Affaires

COESIO vous accompagne dans votre démarche écoresponsable grâce au fond Écoleader
Lire la suite
En haut