La communauté scientifique et la communauté politique sont unanimes, alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prédit une élévation des températures de plus de 4°C d’ici 2100 au rythme actuel et anticipe des conséquences catastrophiques pour les populations, la gestion de la crise climatique relève de l’urgence. Si tous les acteurs de la société sont interpelés à agir, la transition vers la décarbonisation des entreprises, maillon clé de notre société, doit être entamée rapidement avec des méthodes pragmatiques. Sachant que différents milieux s’activent, comment les entreprises font-elles pour promouvoir et participer à la transition écologique? En quoi les petites et moyennes entreprises (PME) possèdent-elles un pouvoir élevé sur la réduction des émissions? Cet article vise à expliquer comment les PME auront un rôle prédominant dans le mouvement climatique en vigueur et comment leur adhésion leur amènera un impact positif.
Les effets des changements climatiques se font déjà ressentir d’année en année dans nos vies quotidiennes. Les périodes de canicules de plus en plus fréquentes en sont un exemple. À l’échelle de la planète, les dommages sont plus élevés alors que le World Economic Forum (WEF) estime à 6,5 millions le nombre de morts par années dues à une mauvaise qualité de l’air. La dégradation des sols, principalement causée par le réchauffement climatique, menace également la qualité de vie de 3,2 milliards de personnes, si bien que 10 % du PIB global annuel en est affecté (WEF, 2020).
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’il reste au maximum une dizaine d’années pour limiter le réchauffement à 1,5°C, cible de l’Accord de Paris, alors qu’il a déjà atteint 1,1 degré (GIEC, 2020). L’objectif semble de plus en plus difficile à atteindre si bien qu’il reste une mince fenêtre d’opportunité permettant de limiter les conséquences du réchauffement.
En prenant conscience des mesures nécessaires, – soit de réduire les émissions globales de 50 % d’ici 2030 et d'atteindre le net zéro d’ici 2050 – où l’ensemble des acteurs ont tous une part importante à jouer, il devient clair qu’il est maintenant question d’urgence climatique.
Plusieurs défis attendent les PME qui doivent agir face à la lutte aux changements climatiques. Que ce soit en lien avec le manque d’expertise, les enjeux de disponibilité du capital humain interne ou l'incertitude face aux bénéfices économiques des investissements monétaires potentiels pour assurer la transition, les dirigeants de PME font face à de nombreux obstacles dans l’action climatique. Pourtant, l’amorce d’une démarche de décarbonation permettra d'engendrer des avantages majeurs pour les entreprises décidant d’emboiter le pas et d'accélérer la transition.
Les activités de production et de consommation engendrées par nos sociétés humaines sont les grandes responsables de l’augmentation des émissions de GES au cœur du réchauffement climatique. À ce titre, le WEF a identifié les huit grands secteurs d’activité qui généreraient à eux seuls 50 % des émissions. L’agriculture se classe première, suivie par la construction, les vêtements, les produits plastiques, l’électronique, etc.
Les émissions se retrouvent entremêlées à travers les activités des entreprises puisque le produit vendu est imprégné des émissions provenant de l’ensemble de la chaîne de valeur. Les entreprises, à l’instar des gouvernements, ont ainsi l’opportunité de réduire directement les émissions relatives à leurs produits par un travail de décarbonation.
En réalisant que les émissions sont réparties à travers un réseau complexe et unique à chaque entreprise, il devient primordial de comprendre la catégorisation des émissions. L’autorité en calcul et réduction des GES, le Greenhouse Gas Protocol (GHGP) décline les émissions en 3 périmètres (scopes).
Représentation partielle des catégories du scope 3. Le scope comprend aussi les franchises, l’utilisation des produits, la gestion du produit en fin de vie ainsi que les biens loués.
Le Carbon Disclosure Project (CDP), entité comprenant plus de 10 000 compagnies, dévoile que les émissions du scope 3 pour les produits vendus représentent entre 77 et 90 % des émissions totales, en fonction du secteur industriel (CDP, 2019).
Sachant que les émissions de GES sont réparties au travers d’une chaine de valeur complexe des entreprises, pouvant même comprendre plus de 1000 fournisseurs, il incombe aux compagnies d’élaborer des stratégies concrètes pour inclure la chaine de valeur à leur stratégie climatique.
Pour obtenir un changement positif, l’ensemble des entreprises doivent nécessairement réduire les émissions à la source, soit des scopes 1 et 2, ainsi qu’interagir avec les fournisseurs sur l’ensemble de la chaine de valeur pour décarboner au niveau du scope 3. Comment est-ce possible de vendre un produit fini à faible intensité carbone si la matière première reçue ou le transport du produit n’est pas à faible émission? Cette question montre l’importance de s’approprier des connaissances sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour être en mesure de réduire le problème globalement. Le scope 3 d’une compagnie, étant le scope 1 et 2 d’une autre, représente l’interrelation entre les entreprises et leurs fournisseurs pour amener un changement concret.
Le WEF élabore un guide en 4 points et 8 actions pour aider les entreprises à décarboner leur chaine de valeur.
Les différentes actions démontrent l’interrelation constante entre les entreprises et leurs fournisseurs pour œuvrer à la résolution globale du problème. Les actions favorisent une transparence de l’ensemble des entreprises. Celles-ci, en promouvant une réduction des GES, deviendront des fournisseurs de choix pour les autres entreprises désirant réduire les émissions de leur produit.
Alors que le sentiment d’urgence se fait sentir, de plus en plus d’entreprises décident de prendre part à la résolution du problème en élaborant des stratégies avec des mesures pour réduire de façon pragmatique les émissions.
La Science-Based Target initiative (SBTi) est une certification prestigieuse imposant aux entreprises de comptabiliser les émissions de GES sur l’ensemble de leur chaine de valeur puis de les réduire en suivant les objectifs de l’Accord de Paris. Plus de 1000 entreprises sont déjà signataires, engageant un réel mouvement à travers les différentes chaines de valeurs pour ensuite impliquer leurs fournisseurs.
Unilever, par exemple, demande à l’ensemble de ses fournisseurs de devenir certifié par la Science-Based Target initiative (SBTi) au courant des prochaines années. Avec ses mesures, l’entreprise sera capable de réduire les émissions de ses produits vendus. L’impact outrepasse ainsi les limites directes de l’entreprise pour un effet de réduction global. En décembre, trois autres multinationales, soit Nestlé, Telefonica et Rang-Sells ont annoncé rejoindre l’engagement d’une chaine d’approvisionnement net zéro comme BT, Telia et Ericsson l'avaient fait plus tôt en 2020. Pratiquement chaque semaine, d’autres multinationales se joignent au mouvement. Coca-Cola, Apple, Microsoft, Amazon, Facebook, Nike, Google, et autres sont des exemples d’entreprises qui décident de prendre part à la résolution du problème en optant pour des mesures concrètes de réduction des émissions de GES sur l’ensemble de leur chaine de valeur.
Cette stratégie devient de plus en plus répandue et le nombre d’entreprises participantes est voué à exploser dans les prochaines années. Pensons à Microsoft qui oblige ses fournisseurs à devenir carboneutres. Ceux-ci devront effectuer une démarche de décarbonation à leur tour pour ensuite demander à leurs propres fournisseurs de le faire. Cette technique est hautement efficace puisqu’elle a un effet boule de neige qui s’étendra à de plus en plus d’organisations. Il devient possible de s’imaginer une grande majorité d’entreprises à travers la planète comptabiliser leurs émissions et effectuer une reddition d’émissions pour avoir accès à certains marchés de vente avec des standards environnementaux élevés.
Alors que les multinationales élaborent des stratégies concrètes pour enrayer le réchauffement climatique, les PME ont aussi la responsabilité d’effectuer des efforts en ce sens. Sachant qu’environ 90 % des entreprises sont des PME, selon le WEF, les opportunités sont élevées et un changement dans les priorités environnementales amènera plusieurs avantages.
Démarrer une démarche de décarbonation procure une longueur d’avance aux PME dans un marché où les initiatives seront de plus en plus reconnues, voire obligatoires et restrictives. Alors que de plus en plus de multinationales dévoilent des plans contraignants de décarbonation, les PME effectuant d’ores et déjà des démarches de réduction de l’impact environnemental auront accès à un marché d’acheteurs ayant des normes d’achat restrictives. En regardant la situation opposée, décider consciemment de ne pas prendre part à cet effort pour des raisons monétaires, amènera une réduction croissante de la part de marché de l’entreprise, car les possibilités de ventes s’aminciront alors qu’une plus grande partie des acheteurs se tournera vers des entreprises aux pratiques d’affaires écoresponsables.
Quelques autres résultats observés lors de démarches de décarbonation montrent qu’une multitude d’externalités positives attendent les leaders climatiques de demain.
Une démarche de décarbonisation se décline en plusieurs phases précises qui amènent l’entreprise à l’atteinte de cibles de réduction basées sur la science.
L’objectif est de : donner les outils aux entreprises pour qu’elles aient les moyens de réduire leurs émissions.
Les étapes de la démarche élaborée par COESIO se déclinent en 4 phases principales :
La première étape de toute démarche de décarbonation est la création d’un inventaire de GES. Cette étape permet à l’entreprise de comptabiliser ses émissions de GES à travers sa chaine de valeur. L’entreprise aura l’opportunité d’établir des méthodes pour comptabiliser les données nécessaires à l’inventaire afin de faire un suivi année après année à travers un calculateur numérique.
L’inventaire de GES montre les points chauds d’émissions, soit les endroits dans la chaine de valeur où les actions de décarbonation amèneront le plus grand impact pour apporter des solutions pragmatiques et viser la réduction constante des émissions de GES.
Alors que l’entreprise établit son inventaire de GES, elle aura la possibilité d’établir des cibles de réduction basées sur les différents standards internationaux, tels que l’Accord de Paris. Alors que l’entreprise calcule son inventaire de GES, elle pourra continuer les étapes pour rejoindre une certification telle que SBTi pour démontrer les efforts faits pour réduire son impact. Plusieurs autres certifications sont disponibles pour répondre aux différentes exigences des entreprises. COESIO propose d’aider les entreprises à s’arrimer aux standards qui correspondent le mieux à leur réalité.
4. Actions de réduction
COESIO propose des points d’amélioration personnalisés à la réalité des entreprises en fonction de l’analyse effectuée. Les différentes actions, que ce soit en efficacité énergétique, politiques internes, écoconception ou choix des fournisseurs, pourront être établies avec une guidance d’experts du domaine. Cette feuille de route visant la réduction des émissions de GES sera élaborée selon une approche pragmatique mêlant données financières, capacité d’adaptation au changement et objectifs de réduction des GES.
Globalement, la démarche de COESIO amène l’entreprise à consolider sa compréhension de son impact environnemental. Les entreprises participantes auront l’occasion d’étendre l’étude pour obtenir une certification, élargir leurs horizons, promouvoir la démarche avec une campagne marketing et améliorer ou promouvoir leur image de leader climatique.
Rédigé par :
Paul-Antoine Dostie-Guindon, Conseiller en GES
Adèle Renon, Conseillère en gestion